Moussa Camara

Moussa Camara : bâtisseur de ponts, entrepreneur de l’espoir

Il a grandi dans un HLM de Cergy, élevé par des parents d’origine malienne, employés dans le nettoyage. À 21 ans, il monte sa première entreprise de télécoms, mais très vite, c’est vers les autres qu’il choisit de tendre la main. Moussa Camara est ce genre de profil qui ne rentre dans aucune case, mais qui les fait toutes bouger. En 2015, il fonde Les Déterminés, un programme d’accompagnement gratuit destiné aux jeunes porteurs de projets issus des quartiers populaires et des zones rurales. Objectif : casser les plafonds de verre, ouvrir les réseaux, libérer le potentiel là où personne ne vient le chercher. Aujourd’hui, plus de 1 600 personnes formées, 950 entreprises créées, plus de 2 300 emplois. Son credo tient en un mot : détermination.

Mais Moussa ne s’arrête pas à l’entrepreneuriat. En avril 2025, il lance à Marseille la seconde édition du forum Ancrages, après une première saluée à Lille. Un événement pensé comme un catalyseur entre France et Afrique, porté par des voix issues des diasporas, de la jeunesse afro-descendante, de l’économie solidaire et culturelle. Le forum, soutenu par Business France, l’AFD, France Volontaires, Expertise France ou encore l’Institut Français, prend place au Palais du Pharo. On y parle diasporas, mobilité, création, investissement croisé. Même Emmanuel Macron s’y invite pour parler de “coopérations nouvelles”. Moussa, lui, préfère les actes : dans les allées du forum, des porteurs de projets venus de Dakar, Lille, Bamako, Saint-Denis ou Tunis partagent leurs galères et leurs visions. Des créateurs de mode, des podcasteurs, des agripreneurs. Des gens qui, comme lui, refusent qu’on leur dise où est leur place.

Son ADN est clair : “Je suis Français, d’origine malienne. Il n’est pas possible de ne pas créer des ponts.” Moussa Camara ne se contente pas de parler inclusion ou diversité — il les incarne, les fabrique, les institutionalise. Dans un pays encore frileux à faire émerger des leaders issus des quartiers ou de l’immigration, lui construit des trajectoires concrètes, loin des discours creux. Il est aujourd’hui chevalier de l’Ordre national du Mérite, chevalier des Arts et des Lettres, mais garde l’accent du concret, les pieds dans le réel, et la tête tournée vers la jeunesse.

À Beurn Out, on aime ceux qui inventent. Ceux qui créent depuis la marge, sans autorisation. Moussa Camara est de cette lignée-là. Il ne veut pas d’un récit de revanche. Il veut un récit de transmission, de relais, d’ancrage et de futur. Et c’est ce qu’il tisse, forum après forum, Déterminé après Déterminé. Une France qui se connecte à l’Afrique sans nostalgie coloniale, sans paternalisme, mais avec la lucidité de ceux qui savent que le monde se fera ensemble, ou pas du tout.